Mon travail a parcouru un long chemin, mais à l'origine, quand j'ai commencé mes premiers tableaux, j'étais surprise par la similitude avec cette image qui m'avait tant touchée.
Dans le livre « Hiroshima mon amour » il y a aussi cette phrase qui revient tout le long : Vivre à Nevers... et ça fait tout drôle. Les coïncidences de l'inconscient et de la vie qui vont se rejoindre en un point géographique pour une exposition qui parle du corps, de sa joie de vivre et de sa souffrance.
La danse contemporaine est aussi une source d'inspiration pour mon œuvre, beaucoup de chorégraphes m'ont donné à voir une expression du corps capable d'expliquer beaucoup de choses sur notre société. Beaucoup d'entre eux ont travaillé en étroite collaboration avec des plasticiens, des cinéastes, ce qui a donné des résultats d'une grande qualité et aussi une certaine façon de penser l'art contemporain.
La musique est également un facteur important. Certaines de mes œuvres ont été très marquées par un musicien français pour qui j'ai une grande estime. Il s'agit de René Aubry. Un album en particulier, qui s'intitule « Passages » m'a beaucoup inspiré dans mon travail.
L'art me sert aussi à dénoncer et montrer les corps humiliés par des injustices sociales dont beaucoup d'entre nous sont victimes. Se servir de l'art pour dénoncer les dérives sociales, racistes ou sexistes est aussi une manière d'être au service de ses congénères, pour éviter que l'on oublie l'insupportable. »
Exposition « Mouvements en Noir et Blanc » à La Maison janvier- mars 2004.
Lola Granell a débuté comme peintre spécialiste du trompe l'œil et, si son travail a beaucoup évolué, l'artiste continue de jouer avec notre perception des images. Dédoublement des formes, transparence des matières, elle laisse le spectateur libre de choisir son point de vue sur des œuvres qui semblent en mouvement perpétuel. Le travail de Lola Granell, riche de références historiques et artistiques, tend aussi vers l'univers naturel : la lave volcanique devient peinture et le corps, tantôt en mouvement, tantôt figé, s'impose comme l'élément central de l'œuvre. Mais derrière la pureté des matériaux et la légèreté apparente des silhouettes, on découvre une démarche engagée, un regard grave, mais plein d'espoir sur notre condition humaine.
« Il y a pas mal d'années, étant étudiante à Barcelone, j'ai vu « Hiroshima mon amour », film d'Alain Resnais, à partir d'un livre de marguerite Duras. Dans le film on peut voir des extraits documentaires du moment de l'explosion de la première bombe atomique lancée sur des populations civiles. Ce documentaire m'a beaucoup frappé, mais une image en particulier est restée gravée dans mon esprit ou dans mon inconscient. Au moment de l'explosion, des gens sont restés comme gravés sur les murs. Cette image m'a sidérée, par sa violence, mais aussi parce que pour la première fois dans l'histoire de l'Humanité, une personne avait été fossilisée par la main de l'Homme, en quelques secondes comme par une coulée de lave, à la seule différence que, cette fois-ci il ne s'agissait pas d'une catastrophe naturelle, mais approuvée, réfléchie par des êtres humains. »