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Artothèque - Maison de la Culture de Nevers Agglomération
L'œuvre Ouvrir

04-89-13, 04-89-14 et 05-89-15

  • Peinture (acrylique sur contreplaqué)
  • Dimensions de l’œuvre : 76x76cm x3 pièces
  • Date de l'œuvre : 1989
  • Date d'entrée : 27/09/2023
  • Numéro d'inventaire : 143-P-PHILIPPART
  • Collection : La Maison

Trois peintures numérotées au verso et référencées dans mon catalogue exhaustif 04-89-13, 04-89-14 et 05-89-15. Elles furent donc peintes en avril 1989 pour les deux premières et en mai 1989 pour la troisième. Il s’agit donc des 13ème, 14ème et 15ème tableaux de cette série géométrique.

Débutée en janvier 1989 (année du bicentenaire), cette Période géométrique fut une rupture dans mon itinéraire pictural. Plus de 120 tableaux réalisés dans cette période qui se termina en 1995.

Ces trois tableaux sont autonomes, mais leur présentation en triptyque a du sens car, réalisés successivement, chacun est la suite du précédent. Même si mes peintures n’ont pas vocation à être exposées côte à côte dans l’ordre chronologique, leurs reproductions le sont quand même dans mes catalogues pour témoigner de l’évolution de mon travail.

Un tableau géométrique est abstrait par nature. Toutefois, le public peut interpréter à sa guise et y trouver une signification. Le peintre aussi... Les fonds colorés, souvent en pyramides ou en puits, symbolisent la nature, ou des constructions. Les bandes formées de carrés représentent l’humanité, sagement alignée et docile, mais en bandes séparées qui ne se croisent guère.

Les bandes verticales rouges dominent le premier tableau. Curieusement, deux sont légèrement inclinées. Des bandes horizontales apparaissent dans le deuxième tableau et se multiplient dans le troisième. La couleur orange se rajoute au rouge. Ces bandes se superposent en se croisant sans se perturber, mais créant des ombres portées sur celles qui sont en arrière et sur le fond coloré. L’inscription manuscrite « voies d’incommunication » figure sur les deux derniers tableaux.

Les couleurs bleu-vert des fonds d’abord contrastées au début deviennent fades sur le troisième. Les bandes colorées, d’abord omniprésentes dans le premier tableau, se raréfient dans le deuxième pour se multiplier ensuite dans le troisième. L’humanité a repris le dessus.

Que dire de ces losanges au centre de chaque tableau ? Je ne peux guère répondre, sinon qu’ils contiennent des pneus collés dans l’épaisseur du bois et que ces losanges grossissent du premier au troisième. Symbole de la motorisation de notre époque ? Des déchets qui s’accumulent ? Chaque spectateur interprétera...

De même, il acceptera ou refusera tous mes propos précédents. Comme toute œuvre d’art, une peinture doit susciter émotion et réflexion chez le spectateur, lequel n’a pas besoin de connaître les intentions premières de l’auteur. Celui-ci d’ailleurs n’interprète souvent son œuvre qu’après l’avoir réalisée. Travail prémédité ou improvisé ? Les deux se confondent souvent. La création demeure un mystère...

L'artiste Ouvrir

PHILIPPART Michel

  • Localisation : régionale

Nombreux sont les artistes et les auteurs dont l’œuvre demeure dans l’ombre ou ne trouve la lumière que trop tardivement. C’est le cas du grand-œuvre de Michel Philippart, né en 1946, souvent précurseur dans le champ de l’art contemporain, largement ignoré, faute d’avoir été au bon endroit au bon moment, d’avoir fait les bonnes rencontres, bref de ne pas avoir sacrifié à la mondanité, souvent parisienne.

C’est pourtant une œuvre considérable que nous offre ce peintre discret et érudit qui a souvent bousculé les codes avant d’autres qui, depuis, font salon.

Michel Philippart distingue trois grandes périodes dans sa peinture, se chevauchant souvent, chaque période présentant des phases parfois imbriquées subtilement.

La première période, celle des débuts, commence en 1963 pour se terminer en 1984. C’est la période granuleuse-réaliste, mais aussi la période « Mondes ». Travailleur infatigable, autodidacte, porté par un imaginaire pétillant et créatif, une curiosité quasi vampirique, la peinture de Michel Philippart deviendra pourtant, nous dit-il, dès 1967, « cérébrale, réfléchie avant d’être réalisée, précédée de croquis sur cahier d’écolier et laissant peu de place à l’improvisation, ni au jugement objectif devant le tableau terminé ». Michel Philippart est souvent, comme tout véritable artiste, sévère avec ses œuvres, allant même jusqu’à nier son talent, pourtant évident. Peintre prolixe, plus de cinq cents œuvres, Michel Philippart, insatisfait, aura aussi détruit beaucoup. Sa peinture se nourrit bien sûr de multiples sources, pointillisme, fauvisme, surréalisme... sans que nous puissions toutefois parler d’influences marquées. Michel Philippart reste un inclassable. Le cubisme le laisse distant et Picasso l’invite à une totale liberté. Plus que tout, il rejette la réplication, même celle du talent. L’innovation ne peut être que permanente, l’élégance créatrice est toujours clandestine.

La deuxième période de 1984 à 1995 est dite « géométrique » et dans laquelle font partie notre triptyque. Elle comporte deux phases, l’une, pré-géométrique, marquée par la présence absolue de l’un des volumes de Platon, le cube, l’autre, géométrique, aboutissement de la précédente qui constitue une magistrale étude des deux dimensions de la géométrie, celle du tracé et celle de l’intervalle. La phase pré-géométrique comporte une série rouge très intéressante. Si Michel Philippart ne cherche pas à faire de ses peintures « carrés rouges » un discours symbolique, elle n’en porte pas moins une puissance intrinsèque qui suscite émotion et pensée.

La troisième période, très singulière, de 1995 à 2007, est celle des auto-portraits et tableaux-téléviseurs. Toujours marquée par la géométrie et le cube, cette série laisse les intervalles, ouvrant sur l’infini, devenir fenêtres sur le fini. C’est bien une fin de l’être, repris dans le faire et l’avoir du monde. Les « trous » donnent sur de véritables objets, parfois fétiches, une montre, un tube de peinture, un circuit électronique, un miroir, une photographie et une prolifération de petits soldats. Une vingtaine des quarante-neuf peintures de cette série, comportent un portrait de Michel Philippart, qui regarde, souvent avec insistance, l’observateur attentif ou non, inversant les rôles et mettant en doute la réalité. Ne suis-je pas moi-même un simple objet dans une peinture que je crois vivante ?

En 1999, Jacqueline et Michel Philippart font l’acquisition de la Chapelle Saint Sylvain à Nevers à laquelle nul ne s’intéresse. Une nouvelle aventure, exceptionnelle commence.

Cette chapelle du XIIIe siècle, alors dans un triste état, va progressivement révéler ses trésors. Au XVIe et XVIIe siècles, sous la férule des Contes puis Ducs de Nevers, alors puissants et proches du Roi, elle bénéficia de l’apport d’artistes italiens. Des années d’un travail acharné permirent de rendre à la chapelle son faste et de son rayonnement passé, non plus dans le domaine religieux mais cette fois dans le domaine de l’art. Jacqueline et Michel Philippart mirent au jour les décors médiévaux et deux fresques religieuses dont la restauration minutieuse prit des années, après six siècles de dissimulation.

Les décors géométriques de la chapelle et les personnages des fresques furent classés Monument historique en 2001. Jacqueline et Michel Philippart eurent alors une idée géniale, au sens ancien du terme, même si elle leur paraît encore aujourd’hui évidente, celle de faire appel à des artistes contemporains connus pour poursuivre l’aventure picturale de la chapelle, commencée au XIIIe siècle.

L’ensemble, improbable, hétéroclite, qui en tout autre lieu ne serait qu’une juxtaposition d’œuvres de valeur certes mais ne communiquant pas nécessairement entre elles, offre, dans l’écrin de la chapelle Saint Sylvain, une unité remarquable. A cette diversité des artistes répond une autre diversité, celle des visiteurs, étonnés, bousculés, fascinés, choqués, jamais indifférents, introduits à d’autres modalités de la pensée et comme rendus à eux-mêmes, libres de ce partage et libres par ce partage. « Cabinet de curiosité », « collection très particulière », aucune étiquette ne saurait qualifier ce « lieu de l’art », un Philipp-art peut-être, pour dire l’exclusivité et la singularité totales de ce lieu-aventure d’art. L’aventure, si riche d’émotions et de beautés révélées ou cachées, qui ne manque pas non plus d’étrangetés, a bouleversé aussi la vie du peintre Michel Philippart jusqu’à se demander si elle n’aurait pas parfois pris le pas sur sa recherche picturale personnelle. « Je peins moins, confie-t-il, mais autrement. »

L’espace de la chapelle, qui voit s’estomper l’opposition dualiste entre sacré et profane pour une unique célébration de l’art et de la vie, est propice aux synchronicités jungiennes. Ce dernier acte du parcours d’un artiste hors norme, Michel Philippart, confère à l’ensemble de ses œuvres, chapelle comprise bien sûr, un statut d’exception. Ce parcours, très initiatique, à la fois intime, interne et ouvert sur le monde ou les mondes, permet de parler de Grand-œuvre. Il y a une dimension quasi alchimique à ce long, très long travail, conduisant à une restauration rare de l’alliance entre traditions et avant-gardes.

(Source : site de Rémy Broyer)

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