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Artothèque - Maison de la Culture de Nevers Agglomération
L'œuvre Ouvrir

Série 1+1+1 - Amilly Boogie Woogie n°1/40

  • Gravure (sérigraphie)
  • Dimensions de l’œuvre : 30 x30 cm
  • Dimensions du cadre : 32 x 32cm
  • Date de l'œuvre : 2003
  • Date d'entrée : 01/09/2021
  • Numéro d'inventaire : 058-S-MATHIEU

L’œuvre de Samuel Mathieu n’est pas de celle qui se livre au regard pressé. C’est que sa simplicité apparente doit être comprise comme un égard, en même temps qu’une exigence, envers le spectateur. Une observation soutenue révèle qu’elle est en effet le fruit d’une organisation relativement complexe du travail de peinture, élaborée en séquences alternant inscriptions et oblitérations. Points, croix, cercles arcs, réseaux et grilles ponctuent et divisent la surface. Ces signes font l’objet, dans les dessins, d’un effacement partiel, et dans les peintures d’un recouvrement total par un voile de peinture pulvérisée, blanche et translucide. Les dessins et les tableaux récents concentrent généralement les multiples inscriptions dans des concrétions irrégulières, plus ou moins denses, mi-cristallines mi-organiques, qui paraissent flotter au cœur de l’espace insondable du blanc laiteux. Dans les tableaux de très grand format en revanche, les différents signes sont comme rejetés à la périphérie, tandis que le centre demeure d’un blanc éclatant. Il s’agit moins d’une réserve que d’une tache aveugle : le tableau placé horizontalement sur le sol, et le peintre s’interdisant d’y poser le pied, seules les pulvérisations de peinture parviennent à atteindre la partie centrale demeurée vierge de toute autre intervention. Au cours du processus de réalisation, le peintre tourne autour du tableau, sans qu’en soient prédéterminés le haut et le bas. Les nouveaux signes viennent se superposer et s’accrocher aux précédents, et engendrent des configurations provisoires, à leur tour couvertes d’un voile blanc translucide. Il en résulte dans l’œuvre achevée une sensation de suspens, mais aussi un mouvement centrifuge qui anime discrètement le réseau irrégulier tressé à la périphérie. Les opérations d’inscription et de recouvrement, réitérées à de nombreuses reprises, produisent un feuilletage alternant signes et glacis. À la surface affleurent les figures prises dans les multiples strates, d’épaisseur infime, de la couche peinte. Cette profondeur spatiale est l’indice d’une profondeur temporelle qui renvoie au processus d’élaboration de l’œuvre, mais aussi à celui de la mémoire et de l’oubli. Elle est la traduction d’une conception et d’une expérience humbles et attentives de la peinture, où il est à la fois question d’espace, mais aussi —et peut-être surtout—de temps. Sans qu’il soit envisageable d’en établir complètement le relevé archéologique, les tableaux de Samuel Mathieu nous font sentir que la peinture, avant toute autre chose, est un agglomérat de temps pris dans et entre les couches de pigment.Ce qui se discerne dans les ombres pâles de ces tableaux, c’est ce qui émerge, altéré, des profondeurs (une suite ancienne de tableaux, à dominante sombre, s’intitule d’ailleurs significativement Anadyomène, c’est-à-dire « qui surgit des flots »). C’est la présence, à la fois proche et lointaine, d’éclats dispersés, vestiges d’inscriptions et d’effacements, de décisions et de doutes, de repentirs et d’épiphanies.

Cédric Loire, juillet 2009

L'artiste Ouvrir

MATHIEU Samuel

  • Plasticien. Né en 1972. Vit et travaille dans le Loiret.
  • Localisation : nationale

Exposition à La Maison de la Culture de janvier à mars 2005.

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