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Artothèque - Maison de la Culture de Nevers Agglomération
L'œuvre Ouvrir

Nu allongé

  • Gravure (lithographie tirage d'Henri Deschamps d'après l'œuvre de Kupka "nu allongé". Pastel sur papier)
  • Dimensions de l’œuvre : 45,5 X 57,5 ; 54,5 X 65 cm avec marge
  • Date de l'œuvre : 1960
  • Date d'entrée : 27/09/2023
  • Numéro d'inventaire : 107-GR-KUPKA
  • Collection : Médiathèque Jean-Jaurès de Nevers

À partir de 1906, et jusqu’en 1913, Kupka participe presque chaque année au Salon d’automne à Paris. En 1912, il y expose pour la première fois une œuvre non figurative, Amorpha, fugue à deux couleurs (Prague, Národní Galerie) ; l’année suivante sont présentées Localisations de mobiles graphiques I et II (Washington, National Gallery ; Madrid, Musée Thyssen-Bornemisza), qui témoignent de la poursuite de ses recherches. La peinture programmatique Plans par couleurs. Grand nu (1909-1910, New York, Solomon R. Guggenheim Museum) a également été exposée au Salon d’automne, en 1911. Elle résulte d’un long travail, débuté selon toute hypothèse vers 1904-1906. Partant du motif classique et sculptural d’un nu posant dans une attitude méditative, à l’origine plongé dans la pénombre, l’artiste lui donne un traitement moderne, tant par l’abolition du modelé au profit de plans que par un chromatisme audacieux, déjà à l’œuvre dans des peintures plus anciennes, comme les « synchromies » – en particulier La Gamme jaune (1907, MNAM). Kupka inaugure ici son esthétique des plans colorés, qui le conduit à décomposer le volume du corps par aplats de couleur. Tandis que l’atmosphère nocturne et recueillie des premières études était porteuse de connotations ésotériques (ce que vient confirmer, dans l’une d’elles, la présence d’une aura autour de la tête du modèle), l’éclatante gamme fluorescente des pastels suivants, caractéristique du tableau final, donne une image désincarnée du corps, comme vu à contre-jour ou aux rayons X. Cette œuvre constitue ainsi une réponse originale aux problématiques soulevées par le fauvisme et le cubisme.

Dans La Création dans les arts plastiques, écrit en français vers 1907-1913, Kupka souligne la gageure de l’usage des plans colorés : « Les aplats et les aires présentant des limites nettement définies, étant donc localisées dans l’espace de manière absolue, le peintre […] doit en peser l’efficacité davantage qu’il n’aurait à le faire en laissant les surfaces se fondre les unes dans les autres. » Reprochant aux impressionnistes d’avoir renoncé « aux contours fixes », il fait alors du problème de la définition des formes un sujet majeur de sa recherche : « Les différentes positions du corps, les mouvements – volontaires ou automatiques – que nous accomplissons au cours de notre vie, sont autant de manières de nous situer dans l’espace. Traduits en rythmes, ces mouvements se font danse. Quant aux événements – présents, passés ou à venir – qui se déroulent dans l’espace intérieur et s’annoncent à la conscience qui, domiciliée au sommet du corps, brille comme un flambeau, ils sont à chaque fois le signe d’un rapport entre le dedans et le dehors – variations sur le thème du "moi" et du "non-moi". » Dans la magistrale série des pastels Femme cueillant des fleurs, Kupka s’attache à transcrire le déplacement du corps dans l’espace en s’inspirant de manière évidente de la chrono-photographie. Cet ensemble graphique témoigne de l’intérêt momentané de l’artiste pour la problématique fondamentale du futurisme, celle du mouvement. Ces recherches n’ont cependant pas connu d’aboutissement en peinture ; elles ont en effet amené Kupka à la conclusion que la représentation de l’espace et du mouvement en peinture est vaine, et ne peut aboutir qu’à des « supercheries », dont il rend d’ailleurs coupables les cubistes et les futuristes. Ce constat décide de son rejet de la mimésis.

Traitée essentiellement au pastel, en couleurs arbitrairement échelonnées, la série des Femme cueillant des fleurs propose une approche chromatique parente de celle du Grand nu. Kupka y réalise le découpage spatio-temporel du mouvement : la composition est séquencée par le jeu de verticales disposées de manière rythmique, créant des plans où les différentes positions de la silhouette féminine se superposent, jusqu’à se confondre. Kupka a fait la preuve, par les plans colorés, de l’aporie de toute représentation mimétique ; il en dégage une esthétique nouvelle, fondée sur une utilisation logique des « agents et facteurs » dont dispose le peintre. Dans son livre déjà cité, Kupka compare un ensemble de plans groupés, comme ceux d’Ordonnance sur verticales, à « une mosaïque dont chaque ton est posé de propos délibéré et dont chaque pièce, avec son degré de luminosité spécifique, représente une unité, une note isolée dans l’ensemble orchestré. »

Pierre Brullé

Source : Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008

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KUPKA Frantisek

  • Localisation : internationale

František Kupka est né le 22 septembre 1871 à Opočno en Bohême Orientale (région de l’actuelle République Tchèque) dans une famille modeste. Il reçoit d’abord une formation artistique aux Beaux-Arts de Prague en 1884 qu’il poursuit à Vienne en Autriche. Il s’initie à la même période à la philosophie, la littérature, l’histoire naturelle ou encore l’occultisme. Autant d’éléments qui ont marqué durablement sa vie et sa carrière.

Kupka s’installe à Paris en 1896 et gagne sa vie comme illustrateur. Il se consacre dans un premier temps uniquement au dessin satirique en collaborant avec des revues comme L’Assiette au beurre. Ressentant par la suite le besoin de s’émanciper de ce type de réalisation, il se tourne vers l’illustration d’ouvrage littéraire.

En 1913, Kupka publie La Création dans les arts plastiques, ouvrage dans lequel il expose ses théories sur la peinture. Il défend ainsi une conception non illusionniste.
Il expérimente et élabore en parallèle des solutions dans son atelier dont Grand nu, Plans par couleurs est le manifeste. Cette toile est exposée au Salon d’automne en 1911, précédant son passage au non-figuratif.

En exposant deux grandes toiles non figuratives au Salon d’automne de 1912, Kupka se révèle comme l’un des protagonistes majeurs de la peinture abstraite. C’est la première fois que des œuvres non-figuratives sont exposées en France et les critiques sont négatives.

Pourtant, ses toiles, rythmées en gammes colorées et musicales, vibrent désormais de l’énergie, du mouvement, de la fluidité de la vie. Elles rayonnent.

En 1931, l’artiste est invité par Théo van Doesburg à fonder une société internationale des artistes non-figuratifs, nommée L’AssociationAbstraction-Création, avec Hans Arp, Auguste Herbin, Alberto Giacometti, Jean Hélion. Il en est membre du comité directeur.

En 1946, il prend part au premier Salon des Réalités Nouvelles, pour lequel il sera jusqu’à sa mort un exposant régulier. Le salon lui rend d’ailleurs hommage en 1953.

Le 24 juin 1957, Kupka meurt d’un cancer des poumons à Puteaux.

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