Durant les derniers temps de son engagement militaire au Maroc, il rencontre sa future première femme, Simone Clary.
Son activité dans la librairie de sa femme, commencée en 1948, va lui permettre de découvrir la littérature, les œuvres d'André Breton, et le manifeste du surréalisme. Il déclare : « Je restais très tard la nuit, à lire, à découvrir peintres et écrivains ». Il s’ensuit alors une longue série de lectures : Louis Aragon, Henry Miller, Sade, Franz Kafka, et Blaise Cendrars, selon ses dires « le plus déterminant ». Il écrit en cachette des petits bouts de textes, des poèmes, des notes. Il y découvre aussi Paul Klee qui l’influencera et l'inspirera. Il commence alors, avec de la peinture laque pour bicyclette, à réaliser ses premières taches sur papier. Les œuvres de la première période (de 1949 à 1958), surnommées parfois les « kleepathologies » sont caractérisées par la prédominance de taches qui envahissent la surface du papier, « taches » remarquées par Karl Flinker. Fred Deux dira dans Une vie parlée que ses « deux gourous » auront été André Breton, et Paul Klee.
En 1953, la librairie-galerie Le Fanal présente sa première exposition personnelle.
En 1957, malades tous deux des poumons depuis de nombreuses années, le couple décide d'aller s'installer à la campagne, à Corcelles (Ain). Fred Deux écrit, durant plus d'un an, à l'aide d'une petite machine à écrire qu'on lui a offerte, La Gana qu'il soumet à Maurice Nadeau : le livre est publié en 1958 sous le pseudonyme de Jean Douassot. Il explique en 2007 la raison de ce pseudonyme : « C'est l'éditeur Julliard qui, apprenant que j'avais fait quelques expositions, trouvait qu'il n'y avait pas place pour la confusion du graphisme et de l'écriture ». Ce roman est le premier de ses écrits largement autobiographiques. Il reçoit le prix de Mai en 1959, prix littéraire « prestigieux » créé l'année précédente, dont les jurés sont Roland Barthes, Georges Bataille, Maurice Blanchot, Maurice Nadeau, Louis-René des Forêts, Nathalie Sarraute et Alain Robbe-Grillet. Le titre du roman lui a été inspiré par l'ouvrage qu'il avait découvert à la librairie Clary où il travaillait : Méditations sud-américaines de Hermann von Keyserling, sous-titré La Gana, qui signifie « envie » en langue espagnole.
En 1960, il signe le Manifeste des 121, déclaration sur le « droit à l'insoumission » dans le contexte de la guerre d'Algérie.
En 1963 également, il trace ses premiers dessins au crayon sur fonds aquarellés : Les Otages. Dès 1966, Fred Deux commence à prendre des notes sur la feuille qui protège son dessin en cours. Cette prise de texte devient désormais presque systématique et transcrit une parole parallèle à l'œuvre. Cette coexistence de l'écriture et du dessin, à partir de 1977, trouve sa forme la plus achevée dans les « livres uniques » comme La Malemort (1980), La Matrice ou La Règle.
En 1971, Fred Deux et Cécile Reims fondent le centre d'art contemporain de Lacoux (CACL), dans une ancienne mairie-école désaffectée du hameau, situé dans leur commune d'Hauteville-Lompnes.
Au début des années 1980, il réalise au crayon de grands « Autoportraits », des « Passions », qui le conduiront, à partir de 1982, à des dessins de grand format peuplés d'êtres fantasmagoriques, figures du double, figures des autres (Processions des existants, Les Remz, L'Alter ego).
En 1987, il réalise La Vie m'agit, livre unique, recueil de 19 dessins rehaussés d'aquarelle.
Dans les années 1990, Fred Deux retourne à la couleur en réalisant de larges taches colorées — aquarelle, laque ou peinture — qu'il retravaille à l'encre de chine ou au crayon. Les formes prolifèrent de manière autonome, parfois viscérales. Là une main, un corps, un visage, un fœtus abandonné apparaissaient.
Il a également réalisé quelques sculptures, conservées dans le fonds du musée de l'Hospice Saint-Roch d'Issoudun (Indre), musée auquel Fred Deux et sa femme Cécile Reims ont donné de nombreuses œuvres de leur réalisation, et des œuvres d'autres artistes, de leur collection personnelle, en 2001.
En 2007 est publié son ouvrage Entrée de secours. Il déclare lors de sa publication : « Il y a beaucoup de menace dans l'écriture. Ça touche au cœur de l'être. Il y a de véritables chutes quand on écrit. On arrive à une extrémité violente contre soi-même qui stupéfie. On accède alors à une fragilité qu'on ne soupçonnait pas être encore présente en nous. Tandis qu'avec le dessin, on caracole ».
En 2009, il dépose ses archives personnelles à l'Institut mémoires de l'édition contemporaine (IMEC), fonds constitué de 24 boîtes : une trentaine de manuscrits publiés ou inédits, ses dizaines de cassettes audio, et sa correspondance avec Cécile Reims : lettres écrites et lettres reçues.
Fred Deux a réalisé « près de 7 000 dessins d’une minutie arachnéenne, peuplés d’innombrables figures enchâssées les unes dans les autres, entre d’étouffants murs de briques et des nuées d’aquarelle ». Certaines de ses œuvres ont été reprises et gravées sur cuivre par Cécile Reims.
Il meurt le 9 septembre 2015 à son domicile, à La Châtre.
En 2017, sa « plus grande rétrospective », « Le Monde de Fred Deux », de 230 œuvres, est exposée au musée des Beaux-Arts de Lyon, accompagnée d'un catalogue d'exposition au titre éponyme.
(Wikipédia)